La course et l’écriture

Beaucoup d’intellectuels aiment le sport. J’ai le sentiment que c’est particulièrement vrai chez les écrivains, si on admet que ces derniers sont des intellectuels. Il existe d’ailleurs une association des écrivains sportifs créée par Tristan Bernard (en 1931 ) qui a écrit “Le Marquis des Stades”. Beaucoup d’écrivains aiment le football par exemple, mais comme spectacle. Et beaucoup ont écrit sur le sujet, notamment Georges Haldas qui a écrit la Légende du football et qui a dit “Au fond, parler de football, c’est parler de tout un aspect de l’humanité”. Et puis il y a certains commentateurs que le sport inspire tant qu’ils produisent bien malgré eux des mots qui n’ont rien à envier à la littérature, je pense notamment à Jean-Jacques Tillmann qui nous a fait vibrer avec ses envolées lyriques. 

Toutefois, et c’est de ceci dont je souhaiterais parler ici, il y a les écrivains sportifs actifs. Dont je fais partie. Je fais du vélo de route, du jogging, de la randonnée dans les Alpes (été), et de la nage en eau froide, et puis de la marche comme ça, sans pour autant faire un effort physique intense. C’est cette activité que je trouve la plus inspirante et qui décoince souvent un auteur qui bataille avec son intrigue ou un personnage qui résiste. Il suffit en effet d’aller se promener, que ce soit à la campagne ou en ville pour que les choses se décantent et que la solution apparaisse. Combien de fois n’ai-je pas arpenter les bords de l’Arve en quête de l’idée qui me permettrait de poursuivre mon histoire? Combien de fois ne suis-je pas sorti de chez moi pour monter sur les sommets alpins afin de trouver une nouvelle dimension à un personnage? Et ça marche! 

Il y a quelques années, j’ai commencé le jogging. C’est un sport d’écrivain. On est dans la répétition, dans la lenteur, dans le contrôle. Il faut trouver le rythme et une fois qu’on l’a, c’est bon, on peut se mettre à créer. Ou à se vider la tête. C’est selon. Il y en a un d’écrivain qui aime beaucoup la course: Haruki Murakami. Cet écrivain japonais a écrit un récit sur le jogging, intitulé en français “Autoportrait de l’auteur en coureur de fond”. Le titre original (meilleur selon moi) est inspiré d’un livre de Raymond Carver, un auteur américain que Murakami admire et traduit de l’anglais vers le japonais, la traduction littérale serait : “Ce dont je parle quand je parle de courir”. C’est un livre agréable à lire et dans lequel Murakami se raconte en parlant de sa pratique du jogging, du coup on découvre l’humain qui se cache derrière l’auteur à succès. Aussi fascinant que banal. Je vous le conseille!

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SEA-Editeurs, 2001, 125 pages.
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